
Il n'existe pas de définition unique de la finance islamique mais ce terme est aujourd'hui largement utilisé pour désigner les
activités financières et commerciales qui respectent les principes du droit et de la jurisprudence islamiques, plus
communément désignés sous le vocable "Chari'a".
Le respect de tels principes permet ainsi d'investir et de réaliser des
profits en conformité avec les règles du droit musulman.
De manière générale, les produits et instruments financiers
compatibles avec la Chari'a visent à offrir une alternative éthique viable aux outils de financement traditionnels.
Les sources de la "Chari'a"
Le mot arabe "Chari'a" signifie littéralement "le chemin".
A travers des principes et des recommandations, la
Chari'a définit un comportement acceptable dans tous les domaines de la
vie des musulmans. Elle gouverne la dimension morale, éthique,
spirituelle et sociale de la vie privée et publique des musulmans,
incluant notamment les activités économiques et commerciales.
Le terme
Chari'a désigne la loi islamique non codifiée. Il s'agit d'un système
légal basé sur l'éthique
musulmane, qu'il est possible d'interpréter et de développer.
La Chari'a a deux sources principales :
Le Coran (le texte sacré de
l'Islam qui rend compte du message de Dieu tel que révélé au Prophète
Mohammed) et les Hadith (les corps de textes regroupant la Sunna,
expressions, enseignements et actions du Prophète). Ces deux sources
constituent les bases essentielles permettant de déterminer la
conformité de toute action avec les règles et la finalité de la Chari'a.
Un rôle clé est également joué par les jurisconsultes du droit musulman
(les scholars), spécialistes de la Chari'a, qui interprètent les
principes pouvant s'appliquer aux techniques de financement modernes,
tout en restant fidèles à l'esprit des sources traditionnelles du droit
musulman.
Dans ce but, les scholars sont parfois appelés à proposer une
analyse et un effort de réflexion pour interpréter les textes fondateurs
de l'Islam (l'ljtihad), en utilisant notamment les
principes acceptés du Qiyas (raisonnement par analogie) ou en se
fondant sur un consensus (ljma') relatif aux normes
applicables à une technique de financement donnée.
Le secteur de la finance islamique s'est développé très rapidement ces dernières années.
Les estimations concernant la taille de ce marché
varient selon les sources et se retrouvent souvent rapidement dépassées.
Il n'en demeure pas moins que le développement fulgurant de cette
industrie, ainsi que l'influence qu'elle exerce sur le marché de la
finance de façon générale, sont aujourd'hui largement reconnus.
La
multiplication des institutions financières islamiques à travers le
monde, ainsi que le nombre croissant d'établissements bancaires
conventionnels qui offrent aujourd'hui des solutions de financement
Chari'a compatibles, confirment l'essor du secteur d'activité de la
finance islamique.
En ce qui concerne la France, les autorités
viennent de franchir une étape très importante dans le processus de
reconnaissance de la finance islamique en adoptant à la fin de l'année
2008 des mesures fiscales et règlementaires qui visent à promouvoir
cette technique de financement.
Dans un contexte actuel de crise
économique et financière affectant
notamment le secteur de l'immobilier et compliquant sensiblement
l'accès aux liquidités dites "conventionnelles", l'arrivée
prochaine de banques islamiques en France ne peut que susciter
l'intérêt des investisseurs pour cette finance éthique.